SAVOIR-ÊTRE

Les réponses adaptatives à un stress peuvent être différentes chez 2 personnes pourtant au même endroit ‘’vivant’’ une situation en apparence similaire. La personne qui perçoit la situation comme un défi lui permettant de se dépasser et pour ainsi progresser s’adapte positivement. L’autre en l’occurrence peut renforcer certains mécanismes de dysfonctions et de compensations ayant été déclenché par un/des événement/s traumatique/s vécu dans le passé. L’un embrasse le défi avec joie. L’autre tente de le fuir la peur au ventre.

Pour mieux saisir l’importance de ce savoir sur le fait que  »stress est perception », je vous partage une tranche de vie. J’étais cet hiver dernier avec un ami. Nous marchions tranquillement en extérieur à discuter en forêt. La journée était magnifique. Aucun nuage, un ciel bleu et un froid sec tout juste la barre des 0 degré Celsius.

Rendu à un certain point de notre randonnée, je me suis arrêté pour lui proposer une courte méditation / respiration guidées en position debout. Ce qu’il a accepté avec plaisir. Il m’avait auparavant demandé à quelques reprises de faire ce genre de chose ensemble lorsque cela se présenterait.

Je guidai l’expérience à l’aide d’images simples décrites verbalement. Lui disant par exemple de se concentrer sur ses sensations sans jugement et sans laisser intervenir l’esprit critique. Juste pleinement vivre l’expérience. De sentir le froid et la chaleur du soleil sur son visage.

SAVOIR RESPIRER

ÉCOUTE ACTIVE

J’appris une fois la séance terminée que l’expérience ne fut au final pas de tout repos pour lui. Les passants tout près de nous générèrent dans tout son être (alors qu’il avait les yeux fermés) une grande nervosité. N’ayant plus la capacité de voir son environnement immédiat, il se senti en position de grande vulnérabilité. Et la vulnérabilité à ce point-ce de son évolution reflète une faiblesse et non une force (selon ses ré-actions viscérales). Son système nerveux a perçu la situation comme un danger potentiel. Son passé est venu s’immiscer dans le moment présent. Il anticipait. Il imaginait des futurs potentiels dangereux.

Il m’a ensuite expliqué avec une grande franchise de quelles façons il a dû tout jeune être constamment sur ses gardes. Ayant vécu ses années de vie formatrice (jeune enfance, enfance, adolescence, jeune adulte) dans un milieu empreint de violence. Je comprenais mieux.

Je fus donc le témoin privilégié ce jour-là de certaines de ses réactions externes résultant de réflexes viscéraux de peur et d’anxiété.  À chaque passage d’un inconnu derrière nous, il serrait très fort les poings. Tout son corps se tendait. Sa respiration devenait plus courte, saccadée et essentiellement thoracique. Son Être Entier (physique – psychologique – émotionnel – social – spirituel) se préparant à fuir ou à se battre. Il était devenu son passé au présent. En mode sur-vie prêt à en découdre avec quiconque s’approcherait de trop près de nous. Et ce même si l’environnement était sécuritaire. Que j’étais à ses côtés les yeux ouverts à surveiller les alentours.

Il m’a dit avoir beaucoup appris de cette expérience. Il a compris dans ses tripes les informations que je lui avais partagées verbalement lors de notre marche avant cet arrêt. C’est ce que je nomme le savoir vécu.

RÉGRESSER POUR 

MIEUX PROGRESSER

ÊTRES ENTIERS

Nous sommes des entités globales (corps physique, intelligence émotionnelle et capacités cognitives par exemple). Guidés entre autres par les cerveaux reptilien, limbique et plus récemment à l’échelle de la perspective évolutionniste le néo cortex (la portion dite réflective). C’est donc le résultat d’un mûrissement de milliers de générations ayant vu le jour avant nous qui ont conduit à l’Être Entier (physique – émotionnel – psychologique – social – spirituel) que nous sommes aujourd’hui et que nous nommons pourtant le ‘’Je’’. Cette entité que nous voyons comme unique (ce qui se tient. D’un certain point de vue).

Le mystique indien Sadhguru partage son point de vue sur la notion de RESPONSABILITÉ comme étant intemporelle. C’est-à-dire que nous serions des entités responsables de nos existences de notre naissance jusqu’à notre mort. Mais pas seulement. En ce sens que le concept de passé-présent-futur ne feraient qu’un en réalité puisque les êtres nous ayant précédés ont faits de nous ce que nous sommes. À la manière des ‘’pont de lianes’’ en Inde nos prédécesseurs ont créé le chemin et nous reprenons aujourd’hui le flambeau pour mettre la table aux générations futures. Une responsabilité totale qui n’a pas d’âge/sexe/race, de frontière ni de temps.

Au moment de marcher sur cette terre avec cette enveloppe charnelle nos pensées, nos paroles et nos actions ont une incidence non seulement sur le présent. Mais aussi sur le futur. Selon cette vision, il est possible de ne plus voir ‘’l’autre’’ comme détaché de sa propre existence. Nous faisons alors partis d’un tout indissociable au même titre que notre cœur, notre cerveau et notre système digestif se parlent entre eux à leur façon et ne peuvent être détachés l’un de l’autre. Le tout est plus grand que la somme des parties.

D-STRESS 4 LIFE

RESPONSABILITÉS

Dans l’un de ses cours en ligne il définit la responsabilité comme ‘’l’habileté à répondre’’ à une situation et à notre environnement. ‘’Je suis nous’’ comme je le nomme implique que l’humanité n’aurait plus besoin du concept de moralité puisque ce que je fais à l’autre, je me l’inflige d’une certaine façon à moi-même. La crise environnementale et ses répercussions nous le mettent devant les yeux. Prendre nos responsabilités revient donc à dire que nos actions ont un potentiel illimité (portion que l’on contrôle) bien que les résultats soient limités (l’inconnu, l’incontrôlable). D’où l’importance de toujours faire de notre mieux (actions) sans s’attacher aux résultats. L’expression ‘’la pratique rend meilleur’’ (practice makes better) serait ici plus appropriée que ‘’la pratique rend parfait’’ (practice makes perfect) s’attachant moins aux résultats (selon l’enseignement de ce mystique).

Carlo Rovelli dans son fascinant ouvrage  »The Order of Time » nous propulse encore plus loin. Ce théoricien physicien italien nous transporte dans l’univers de la mécanique quantique. Je trouve que sa vision scientifique (et selon ma compréhension et les connaissances actuelles dans une certaine mesure métaphysique?) nous fait voir l’idée karmique du mystique Sadhguru sous un autre angle. Selon cette théorie nous sommes énergie. Derrière l’apparence de la chair en réalité sommes-nous nano particules sans réelle barrière. Ce que nous  »voyons » comme le corps est à cette échelle du micro une délicieuse illusion. La responsabilité intemporelle exprimée par Sadhguru devient alors compréhensible en ce sens que le temps à l’échelle cosmique n’a pas de réel emprise sur nos actions. Revenant à ces  »ponts de lianes » intergénérationel en Inde.

D-STRESS VISAGE

STRESS ET OBÉSITÉ ?

Revenant à des considérations terre-à-terre du corps physique le psychologue mondialement reconnu et décoré de l’ordre du Canada (2018) Gabor Maté exprime même l’idée en entrevue sur le Tim Ferris Show (à 57 min de la vidéo) que  »l’obésité serait en partie une épidémie de stress ». Bien que ce soit multifactoriel et hautement complexe des niveaux de stress chroniques mal géré provoquent une cascade de réactions biochimiques (élévation des hormones de stress par exemple) et de comportements compensatoires pouvant jouer sur le poids.

Dans son livre ‘’When the Body Says NO’’ il explique  en long et large de quelles façons le corps physique s’imprègne d’émotions non-reconnues et réprimées (potentiellement pas une mécanique compensatoire) visant à fuir la souffrance générée par ces traumatismes. Le corps garde en mémoire les cicatrices du passé. Son autre livre ‘’In the Real of Hungry Ghosts’’ relate les histoires de personnes aux prises avec des addictions (majoritairement alcool et drogues dans cette ouvrage). Ceux-ci étant le symptôme (et non la cause) de troubles bien plus profonds.  »The Drama of the Gifted Child » d’Alice Miller s’avère aussi un excellent ouvrage sur le sujet (des traumatismes qui nous suivent s’ils ne sont pas reconnus et traités).

Ces lectures du Dr. Maté sur la souffrance m’ont amené à développer davantage d’humilité, de compassion, de sympathie, de résonance empathique et d’amour altruiste face aux problématiques et challenges que d’autres êtres humains peuvent vivre et avoir à surmonter. Qui plus est la situation internationale liée à la Covid-19 en a rajouté une couche (de stress et d’anxiété liés à l’incertitude socio-économique et sanitaire).

Dernière portion dans le troisième et dernier article sur le stress.

Éric Blais

Éducateur physique B.Sc., yoga thérapeute (Yoga Resource), spécialiste en évaluation et correction posturale (Egoscue), entraîneur Kettel Bell (Agatsu), praticien en massage thaï (Still Light Center, Albert Lee), Étirements Actifs Isolés (Stretching Canada), instructeur ANIMAL FLOW ® et EBFA Barefoot Training Specialist ® 

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